Une étrange journée (PV)

Mariella n'avait pas eu beaucoup de chance ce matin-là. Pas moyen d'y couper, elle devait se mettre en jupe pour aller au bureau, ce qu'elle n'avait pas osé faire depuis qu'elle avait été embauchée. En fait, elle se sentait à l'aise en pantalon, mais arrive le moment où on a plus vraiment le choix et cette raison s'appelle "lessive". Elle en avait trouvé une pas spécialement courte, qui lui arrivait à peu près aux genoux, et se dit que ça, elle pouvait se permettre.

Ses talons claquant le long des quais, elle se fit siffler par quelques de ses amis d'enfance qui se plaisaient à la taquiner. Sa jupe blanche voletait légèrement à la brise matinale et elle entendit vaguement que son décolleté était trop plongeant pour aller travailler, mais pour ce qu'il y avait à voir, elle n'allait pas non plus en faire tout un flanc, et son supérieur non plus, d'ailleurs ! Du moins, il n'avait pas intérêt.

La jeune femme arriva sur son lieu de travail le plus naturellement du monde, essayant d'arriver le plus vite à son bureau. Etrangement, elle n'avait pas envie de croiser toutes ses collègues, mais elle tomba immanquablement dessus. L'une d'elles, gentille et maternelle la complimenta sur sa tenue et l'encouragea à s'habiller ainsi plus souvent. Soulagée, Mariella s'éclipsa avant d'être en retard et rentra dans la pièce où elle "cohabitait" avec son patron.

"Bonjour." dit-elle avec un sourire.

Elle déposa son sac à côté de son bureau et ôta sa veste qu'elle plaça sur le dossier de sa chaise. Regardant les papiers sur son bureau à la recherche d'un nouveau, elle se rendit compte que c'était superflu et se tourna vers son supérieur pour lui demander poliement:

"Comment allez-vous ?"

Comme il mit un temps répondre, elle leva les yeux vers lui et se rendit compte qu'il avait la bouche ouverte juste avant de répondre. Elle avait sans doute rêver. Lui ? Rester comme un poisson de roche, la bouche ouverte ? Bon, ça pouvait être possible, mais il ne fallait pas exagérer non plus, il n'était pas comme ça. Quoique...Oh ! Et puis zut ! Elle s'en fichait. Au restaurant où elle travaillait on lui mettait bien la main aux fesses...Ouais bon, ça va !

"Je vais bien, merci." répondit-elle simplement.

Elle s'assit et remarqua en effet une pile de feuilles recouvertes d'une écriture fine et soigneuse...et surtout minuscule ! Elle se demanda si un jour elle ne ferait pas mieux de porter des lunettes au bureau bien que ce soit relativement facile à lire.

"Bien, je vais m'y mettre de suite, dans ce cas."

Elle alluma l'ordinateur et le temps qu'il se mette en marche, elle parcourut rapidement les pages. Elle en aurait pour un petit moment, mais après tout, c'était son boulot. Et puis, depuis deux semaines qu'elle était là, elle avait vu passer des journées pleines où elle ne s'arrêtait pas trente secondes. Remarque, ça ne la gênait pas tant que ça, elle était de nature dynamique.

La jeune femme se mit alors au travail, comme elle avait l'habitude de faire depuis quelques temps. Ce n'était pas vraiment le métier le plus passionant qu'elle ait fait, mais elle n'avait pas vraiment le choix, et puis, elle s'y faisait. En même temps, il y avait une atmosphère glauque, mais c'était dû en particulier à la spécificité de cette entreprise.

Tout en tapant ce qu'elle lisait, elle se rendit compte sur la deuxième lettre que son supérieur était vraiment dans son monde. L'une des phrases, quoique très bien écrite, était d'un flou indescriptible. Sur le coup, elle se demanda si ce n'était pas un jeu de devinette, mais ce n'était pas vraiment le genre de la maison. Non, pas vraiment. De plus, le contexte ne prêtait pas à comprendre cette partie qui faisait décidément tache dans le reste de la lettre qui était plus que clair, et elle se dit que même en connaissant des éléments qu'elle ignorait, c'était tout bonnement incompréhensible.

Comme elle s'était mise à l'aise, elle devait avoir une tenue peut-être un peu décontractée, mais bon, quand on reste assis pendant des heures, surtout quand on est une femme, on ne va pas se tenir comme à l'armée. Jambes croisées et cheveux lâchés, l'autre ronchon allait râler...Bah, tant pis.

"Excusez-moi." dit-elle alors. "Il me semble que vous avez été un peu confus dans l'une de vos lettres. C'est peut-être fait exprès, mais il se peut qu'on ne vous comprenne pas."

*Pourvu qu'il ne le prenne pas mal...*

Mon Dieu qu’il devait avoir l’air stupide ! Il fallait se reprendre. *Oui mais elle est si jolie…une jupe comme ça c’est mieux qu’un pantalon * lui dit alors une voix intérieure plus que coquine. *Non il doit garder son sérieux et son intégrité au sein de la Dream, il ne peut se permettre un tel relucage, aller Evan reprend toi !!* dit alors la petite voix de la sagesse. *Quel rabajoie toi alors !* Evan lui, finit alors par fermer sa bouche et reprendre son air froid. Il en avait marre des deux petites voix. Ca va ce n’était qu’une femme ! Certes gentille et jolie, mais elle ne devait pas le perturber au travail.

Il entendit sa secrétaire lui dire qu’elle allait bien pendant qu’il se rassit à son bureau, prenant un nouveau papier pour écrire. Ahhh que les matinées papiers étaient ennuyeuses. Evan préférait de loin l’action et dégommer les démons, ces saletés sans nom qui avaient empoisonné sa vie. Enfin, il vit Mariella prendre place en face de son ordinateur et l’entendit annoncer qu’elle se mettait au boulot. Il ne préféra pas lever l’œil vers elle mais il lui répondit tout de même.

« Humm oui faites dont ça ! »

Ca y était il était de nouveau le chef de la dream, froid et insensible, celui que tout le monde croyait sans cœur, tellement il faisait la police et il hurlait contre tout le monde. Mais c’était sa vision des choses, pour être un bon capitaine, il ne devait pas montrer ses faiblesses à son équipe. Cela ne l’empêchait pas pour autant d’être un homme. Comme tous il savait reconnaitre la beauté et les qualités morales d’une personne.

Alors que la jeune femme tapait tranquillement à l’ordinateur les lettres qu’il avait rédigées à la va vite, il jeta un œil à son profil. Ses longs cheveux foncés lui tombaient sur les épaules. Elle avait vraiment un de ces charmes. Puis elle n’avait pas peur de se montrer décontractée. Mais Evan n’allait pas l’en blâmer il n’était guère mieux. Un jean avec une chemise ouverte de quelques boutons en haut et ses cheveux lâchés aussi. Enfin il ramena son regard sur sa feuille et reprit la rédaction de sa lettre pour son homologue étranger. Il devait s’exprimer dans une langue étrangère qui plus est. Il se débrouilla cependant bien et boucla rapidement ce travail ci. Il se laissa alors tomber contre de dossier de son fauteuil et s’étira comme un bien heureux.

Au même instant, Mariella l’interrompit dans sa gymnastique réparatrice. Quelque chose qu’il aurait mal rédigé ? Plausible, il avait fait cela au saut du lit sur le qui vive pour ne pas oublier. Une lettre importante pour demander des fonds pour les armes anti démon. Il se redressa alors et se dirigea vers Mariella. Et pouf, en posant le regard sur elle il se manqua et heurta le coin du bureau. Mais comme si de rien était il continua. Il se plaça derrière elle, et se pencha au dessus de son épaule, les cheveux du jeune homme tombant alors en une cascade brune dessus.

« Où ? », lui demanda t’il brusquement.

Une voix douce pour une fois ? Non c’était trop cher visiblement. Il oubliait souvent que les femmes avaient peut être besoin de plus de compassion et de douceur. Enfin s’il avait bien cerné la jeune fille elle ne lui en tiendrait pas rigueur. En attendant sa réponse, il tourna un peu le visage pour la regarder, ses cheveux frottant au passage la peau halée de Mariella sans qu’il ne s’en rende compte. Puis son regard se perdit légèrement plus bas que son visage…

Elle leva les yeux vers lui quand elle l'entendit se lever, et eut la vague impression qu'il avait failli se prendre le coin de son bureau au passage. Cela pouvait arriver à tout le monde, mais cela cassait quelque peu son image de chef sûr de lui, mais bon, déjà sa tenue ne faisait pas très sérieuse, alors pourquoi s'embêter à paraître parfait. Et puis, sa façon de s'habiller était pas mal. C'était simple et naturel, plutôt classe, d'ailleurs, enfin sur lui. Elle aimait bien sa façon de porter les chemises, surtout.

Il se plaça derrière elle alors qu'elle allait lui tendre la feuille devant elle. Le contact de sa soyeuse chevelure sur son épaule la fit légèrement sursauter, et elle se retourna d'ailleurs vers lui. Et là, oh merveille ! elle eut une petite entrevue de son torse magnifiquement bien formé. Enfin, magnifiquement, elle ne l'avait vu qu'un très court instant et assez mal, mais parvenait à l'imaginer assez bien, malgré tout. C'était un garçon fin, aussi, s'il était aussi musclé, c'était que ce devait être agréable à regarder...Mais à quoi pensait-elle donc ?

Elle ne nota pas son ton brusque et souligna du doigt une phrase vers le bas de la feuille.

"Il me semble qu'ici ça n'est pas clair." dit-elle.

Cependant la seule image qu'elle avait en tête, c'était la peau blanche et lisse, ponctuée de jolis muscles bien formés...Elle divaguait vraiment là...*C'est ton supérieur, ma fille...Ne fais pas comme toutes ces gourdes de secrétaires types...Mais là, c'est pas un patron comme les autres...Sors-toi ça de la tête !!!*

Elle se sentit d'un coup un peu moins à l'aise, à vrai dire, elle ne s'était jamais rendu compte à quel point Evan McThiel, son supérieur, sentait aussi bon...

Se penchant, Evan vit que Mariella avait sursauté. Il haussa un sourcil et deux secondes après, elle tournait son visage vers lui. Il fit de même, et remarqua alors en baissant les yeux que ses longs cheveux Frôlaient la peau douce et lisse de la jeune métisse. Sans mot dire, il prit alors sa tignasse d’une maint et à la manière de Charmant (dans Shrek pour les incultes !!XP) il rejeta le tout dans son dos, offrant ainsi un courant d’air à Mariella et la bonne odeur de son shampoing. Un mélange d’amande douce et de vanille. Un tout sucré qui contrastait avec son allure générale d’ailleurs.

Bref, sans s’évader dans des eaux assez troubles, elle lui pointa du doigt la phrase qui lui semblait vague. Il la relut « Nous vous ferons parvenir le retour sous peu ». En effet on pourrait croire qu’ils faisaient du trafic de marchandise illégale ou autre. Il se redressa alors, retourna à son bureau, prit un élastique dans son tiroir et attache sa longue chevelure ébène. Quelques pas, et une réflexion de quelques secondes, puis il revint se poster au dessus de l’épaule de Mariella. De sa main gauche il prit alors le papier qu’il déposa en face de la jeune secrétaire, et avec sa main droite il saisit un stylo et passa son bras au dessus de l’autre épaule de la jeune fille, il écrivit une nouvelle phrase « Nous vous règlerons la facture dans un délai d’une semaine si cela vous convient. ». Il se redressa alors une nouvelle fois et glissa le stylo dans la main droite de Mariella.

« je crois que c’est bon là, non ? », demande t’il alors sur un ton sec.

Il reprit donc sa place derrière son grand bureau sans le moindre regard à la jeune femme, mais il trouve le moyen de faire tomber un papier. Il se baissa alors pour le ramasser et en se relevant le chef de la dream, cinglant et sur de lui se prit le bureau dans la tête.

« Aye, fouttu bureau ! », jura t’il en se massant la tête.

Evan était vraiment maladroit avec les femmes. Le plus c’est qu’il essayait de se rattraper lorsqu’il cafouillait. Par exemple, là avec ses cheveux, il n’avait pas pensé, mais pas le moins du monde que cela pouvait être gênant. Ce n’est qu’en sentant le sursaut de la jeune secrétaire qu’il comprit son erreur. En tant qu’homme il aurait pu en jouer mais au de la du fait qu’il n’était pas ce genre d’homme à, il ne se l’aurait jamais fait. Puis il était le chef de la Dream et le voir fricotter avec une midinette aurait eu vite fait de faire le tour du service et de lui faire perdre son intégrité. C’était d’ailleurs étrange, car dans la vie en dehors du bureau, Evan, bien que timide, se moquait pas mal des rumeurs qui pouvaient courir, mais là c’était vraiment différent, il y a avait gros en jeu, et la moindre erreur pouvait tout remettre en question.

La question demandant à Mariella si la tournure de phrase allait mieux ainsi était là pour la forme, ainsi il ne nota pas vraiment si elle répondait ou non, trop pris dans ce qu’il faisait. Tellement pis que sa tête n’évita pas la collision avec a coin du bureau. Décidemment celui là il en avait contre lui ! Il fulmina contre le morceau de bois qui lui servait à ranger et faire ses papiers et essaya lentement de se redresser mais il tomba sur le sol froid et sur les fesses. C’est qu’il n’y avait pas été de main morte en plus ! Ca lui tournait. C’est alors que Mariella arriva, demandant si ca allait. …Il la vit en double !

« ca a l’air d’aller ? » demanda t’il sur le ton du reproche comme si tout était de se faute.

Puis il prit de nouveau appui et tenta de se redresser. Cette fois, il réussit mais se jeta directement dans son fauteuil en cuir et moelleux et il ferma les yeux. Ca tournait vraiment… Il rouvrit alors els paupières et vit Mariella en face de lui, elle était vraiment jolie, pourquoi ne l’avait il pas remarqué lorsqu’il l’avait embauchée ? Il se massa la tête et finit par lui demander :

« Voulez vous déjeuner avec moi à l’extérieur ce midi ? »

Ce qu’il y avait de bien, c’est qu’une question comme cela se pose généralement avec douceur et enthousiasme, bien avec Evan c’était plutôt du genre agressif et sur le ton de l’ordre. Mais au fond il n’avait pas du out ce sentiment. Il était plutôt effrayé et comme un gosse. Enfin il s’était lancé il ne pouvait plus reculer maintenant. Par contre si elle répondait oui, ca promettrait pour sortir des locaux de la Dream sans se faire voir !

Il était vraiment odieux...Ah ça, beau, il n'y avait aucun problème, magnifique, même ! Mais vraiment odieux ! Elle l'avait trouvé assis par terre, dans une position certes pas très glorieuse, mais n'en avait pas pris note et s'était inquiètée de son état avant de se faire envoyer promener comme une moins que rien. Si elle s'était écoutée, elle lui aurait fait sentir à quel point il était désagréable, mais elle se retint d'être impolie et irrespectueuse.

"C'est bon, j'ai rien dit." s'exclama-t-elle.

Elle le vit s'affaler dans son fauteuil. Il semblait avoir très mal à la tête. De le voir se masser le crâne comme ça lui faisait un peu de peine et elle eut envie d'être un peu gentille avec lui mais en même temps, si c'était pour se faire manger toute crue...

Une fois de plus, ses yeux trouvèrent son torse blanc et bien formé et s'attardèrent dessus quelques instants. Décidément, elle ne pensait pas qu'elle tomberait sur un gars aussi bien fait dans un bureau. Maintenant, il était vrai qu'il n'était pas très grand, mais le reste compensait largement !

Elle fut surprise d'entendre sa question. Vu le ton, elle se serait attendue à une gueulante, mais pas à une invitation presque galante. C'était d'ailleurs hors contexte, si on réfléchissait bien et Mariella avait une de ses envies de l'envoyer paître ! Elle n'en fit rien et préféra rester noble :

"Puisque c'est demandé si gentiement." répondit-elle tranquillement, sans aucune émotion dans la voix.

Elle voyait cependant bien qu'il avait mal au crâne et que ça n'allait pas s'arranger de si tôt. Et puis zut ! Son bon coeur la perdrait !

"Est-ce que vous voulez que je vous apporte quelque chose, une aspirine, ou quelque chose du genre ?"

Il haussa les sourcils et elle le fixa dans les yeux pour ne pas se faire pincer. En attendant ce n'était pas sa faute s'il était beau et habillé "journée portes ouvertes". De plus, avec l'amabilité qu'il déployait depuis qu'elle avait ouvert la porte, elle avait bien le droit à un petit dédomagement...Depuis quand elle pensait comme ça ?...

Il se perdait entre ce qu'il laissait échapper et ce qu'il voulait dire, aussi décida-t-elle d'attendre un peu avant de prendre une décision. Déjà, il ne semblait pas ravi qu'elle ait accepté son invitation à déjeuner, du moins son commencement de "quoi ?" le laissait prétendre. Décidément, il commençait à doucement les lui briser, en restant dignement polie.

De nouveau il glissa du fauteuil et son joli postérieur s'écrasa lourdement sur le sol. Son front rencontra pour la deuxième fois de la matinée le bureau. *Bien fait ! ça t'apprendra à mal parler aux femmes, saleté !* Et pour finir, il avait un langage très expressif ! Elle le regarda un instant, se demandant si elle allait l'aider à se hisser sur son siège ou si elle allait le laisser se débrouiller tout seul comme un grand.

Finalement, il parvint à dire quelque chose, mais ce n'était pas vraiment très brillant. Enfin, elle savai qu'elle devait lui apporter une aspirine, c'était déjà ça ! Préférant ne pas le laisser se remettre seul sur son fauteuil après ses prouesses, elle déplaca le siège de sorte qu'il ne soit pas placé face au bureau et attrapa son supérieur par les aisselles pour l'aider à se relever. Elle le fit asseoir, sachant qu'il avait la tête qui tournait et se redressa, le fixant dans les yeux.

"Je vais vous chercher de quoi soigner votre mal de tête. Ne bougez pas."

Elle se dirigea vers la porte et avant de l'ouvrir, elle se retourna vers lui et acheva :

"Si je ne vous trouve pas dans ce fauteuil à mon retour, garre à vous !"

Et elle disparut derrière la porte.

Ce ne fut pas bien difficilte de trouver un comprimé d'aspirine l'infirmerie, même si le responsable avait eu du mal à croire que le chef avait mal au crâne.

"C'est à force de trop crier, il se rend migraineux lui-même !" avait dit la métisse sur le ton de la plaisanterie, surtout pour sauver les apparances. Elle se demandait bien pourquoi elle faisait ça, d'ailleurs, elle qui était pour le côté naturel des choses et de ne pas montrer de façade, mais par respect pour l'image d'Evan McThiel auprès de tous, elle avait opté pour le côté râleur que grand gaffeur.

Rentrant de nouveau dans le bureau, un verre d'eau dans une main, un comprimé empaqueté dans l'autre, elle déposa le tout sur le bureau de son supérieur.

"Voilà."

Evan McThiel était quand même de loin le patron le plus embêtant qu'elle n'ait jamais eu jusque là. En fait, elle en avait eu un pire, mais il s'était déridé au bout d'une semaine, au moins, lui ! En plus il était désagréable, ce jeune homme ! Tout pour lui, sauf le caractère ! Bon, elle n'avait pas à se plaindre, il ne lui reprochait jamais son travail et rarement la vitesse à laquelle elle le faisait. De toute façon, elle ne prenait pas en compte ses remarques et faisait comme elle pouvait, point.

Elle alla tout de même lui chercher de l'aspirine pour soigner sa royale maladresse. Deux fois d'affilées dans le même bureau et de la même manière, il fallait le faire, quand même ! Lui qui d'habitude avait une marche féline d'homme sûr de lui s'était ce jour-là abaissé au rang de l'adolescent simple mais attachant. Enfin, elle l'aimait bien comme ça, après tout ! Les gens trop parfaits, c'est pas intéressant !

Le temps qu'elle aille jusqu'à l'infirmerie, elle avait croisé des collègues qui lui avaient proposé de boire un café mais elle avait refusé. Elle ne voulut pas dire pourquoi, ne voulant pas jeter la honte sur son supérieur et prétexta se chercher une aspirine au cas où elle aurait mal au crâne parce qu'il n'était pas d'humeur et qu'il criait trop.

L'infirmier eut droit à une version légèrement différente bien qu'elle aurait pu donner la même. Bah, de toute façon, personne ne viendrait vérifier !

Elle revint avec tout ce qu'il fallait à son cher supérieur pour récupérer et posa le tout sur le bureau. Ce ne fut que là qu'elle remarqua la fenêtre ouverte, qui était d'ailleurs fermée quand elle avait quitté la pièce. Elle eut envie de lui dire qu'il la prenait pour une imbécile, mais décida de passer l'éponge face à son magnifique sourire. Il était vraiment très beau quand il souriait sincèrement, surtout ainsi. Un regard plein de grattitude, elle sourit à son tour à son compliment auquel elle ne répondit rien. De toute façon, que répondre à ça ?

"Merci." dit-elle quand même doucement.

Sa question hésitante trahit cependant sa face cachée. Il n'était pas du tout sûr de lui, ça se voyait. Lui redemander si elle acceptait de manger avec lui alors qu'elle avait déjà dit oui, en voilà une logique !

"À part si ça vous dérange, mais sinon, oui, je suis d'accord pour manger avec vous." répondit-elle avec un sourire léger mais sincère, une pointe de malice dans le regard, trouvant ce petit côté pas sûr de lui amusant.

Mariella le trouvait gonflé de l'avoir prise pour une imbécile alors qu'il allait bien. Il fallait bien se lever pour ouvrir la fenêtre, non ? Elle avait une envie de lui envoyer sa main dans la figure, mais elle ne le fit pourtant pas. Et puis, ça ne lui ressemblait pas de se laisser emporter comme ça. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? La fatigue, sans doute.

Il avait eu cependant la riche idée de se rattraper. Elle comprit alors qu'elle s'était énervée pour rien et trouva l'envie de lui sourire et de le remercier. Ce n'était pas grand chose mais en même temps, elle n'avait pas envie de lui montrer qu'il l'avait passablement agacée. De plus, il lui avait fait un compliment avec une sincérité et un sourire non négligeables. Bah, elle pouvait bien lui pardonner. Elle trouverait bien un moyen de lui faire comprendre qu'elle n'était pas duppe.

Il revint alors sur son invitation, se demandant si elle était vraiment sincère en acceptant. Peut-être cela l'incommodait-il ? Peut-être cherchait-il à se moquer d'elle. Ce ne serait pas la première fois qu'on le ferait mais elle pensait que lui ne s'amuserait pas comme les marins à la faire marcher. Ou alors elle était vraiment passée à côté de son caractère.

En fait, non. Il en avait envie ? Elle n'en crut pas ses oreilles. Avait-il bien entendu ? Visiblement oui...Elle sourit intérieurement. Elle ne savait d'om venait ce sentiment de jubilation mais elle se sentait...comment dire...vraiment contente !

Voilà maintenant qu'il lui soumettait toute une liste de choix, et ce à un débit rapide qui témoignait de son stress. Il ne savait vraiment plus quoi faire, visiblement...Mais elle non plus. Il avait vraiment le don de la mettre dans l'embarras ce jour-là !

"Eh bien...je vous laisse décider, mais ne vous cassez pas trop la tête pour moi, c'est tout ce que je vous demande."

Elle lui sourit et contourna le bureau, puis alla devant la fenêtre qu'elle ferma doucement avec un léger bruit. Voilà son stratagème pour lui montrer qu'elle savait à quel point il était maladroit.

"La prochaine fois que vous voulez être seul, dites-le moi, ça sera plus simple." dit-elle doucement, sans aucune animosité dans la voix.

Elle se tourna vers lui et undoux sourie s'afficha sur ses lèvres. Finalement, elle ne lui en voulait pas tant que ça. Elle ne pouvait pas vraiment lui en voulait, en fait. Il avait un bon fond, tout de même. Et puis, s'il était réellement mauvais, elle serait partie bien avant de cet endroit.

Il devait vraiment être crispant pour ses collègues en réalité. Il s’en rendait bien compte là, encore plus peut être, parce que sa vraie nature ressortait malgré lui en présence de Mariella. C’était la première fois, enfin si l’on écartait sa propre mère, que quelqu’un le mettait dans un tel état. Et pourtant Dieu sait qu’il en avait rencontré des femmes. Mais elle, elle possédait cette petite chose, ce grain de caractère qui change tout. Enfin il lui faudrait faire face à ce petit problème pour le travail. Il ne fallait surtout pas que ses hommes découvrent ses faiblesses, car vu qu’il était plus jeune que la plupart d’entre eux, son commandement s’en trouverait que plus affecté.

Il revint alors sur l’invitation qu’il avait faite à la jeune métisse ne revenant toujours pas de cette réponse prompte et naturelle. Il pensait avoir mal compris, surtout avec tout ce qu’il avait pu faire à Mariella pour le travail, la méprise, qui bien que fausse dans son esprit, ne l’était pas en apparence, les criardes pour la faire bouger, enfin, il n’en revenait vraiment pas. Puis il commença alors à s’embrouiller lorsqu’il put se rendre compte que tout était vrai. Il ne savait plus vraiment quoi faire, et partait dans une énumération de possibilités à une vitesse record…*Pas trop se caser la tête ?? Elle en avait des bonnes, elle ! Si je m loupe elle me l fera regretter à coup sûr ! Hummm, où vais-je pouvoir l’emmener ? Ahhhhhhh, au secours !!!! Ah oui, tiens pas mal là !*

« Et est ce que cela vous tente ce petit restaurant près du port, poisson ou viande avec légumes à volonté, une excellente cuisine ! »

Mais lorsqu’il s’était mis à réfléchir ses yeux n’avaient pas suivi le mouvement et il ne s’était pas rendu compte que la jeune secrétaire était passée derrière lui, près de la fenêtre. C’est lorsqu’il entendit le bruit mat du choc de la fenêtre contre la plainte, qu’il réalisa. Il passa alors du rouge de la honte au rouge de l’embarras. Et la réplique l’enfonça encore un peut plus dans le trou qu’il s’imaginait. Mariella parlait d’une voix qui se voulait douce où le reproche ne perçait pas. Ce qui le rendait encore plus rouge de honte si c’était possible. Alors un peu comme un enfant qui se serait fait disputer par sa mère, tout recroquevillé dans son siège, il dit :

« D’accord, pardon ….Bon au travail mauvaise gaine ! »

La dernière remarque état là pour détendre l’atmosphère et surtout pour le détendre lui. Mais après un sourire, il se remit tout de même de suite au travail, s’engageant dans une longue lettre, et oui encore une. Sa mine de crayon eut cependant un léger problème et cassa. Comme si de rien était il le tailla et reprit. Mais non Evan était tellement stressé pour si peu, que la mine lâche encore…

Mariella n'en revenait pas que son patron, bien que pas si désagréable que cela, si l'on cherchait bien, l'invite à manger. Non pas que l'intention était surprenante, car il n'était pas méchant, loin de là, mais le fait que ce soit elle, l'était. Pourquoi choisir une petite secrétaire alors qu'avec son physique, il pouvait avoir beaucoup mieux ! Enfin, peut-être était-ce comme ça, juste pour le plaisir de passer le déjeuner avec quelqu'un...ce qui était vraiment improbable, en vue de son caractère, mais pourquoi pas !

Il lui proposa, après avoir cogité parce qu'elle lui disait de ne justement pas se casser la tête, un petit restaurant près du port, qu'elle connaissait aussi.

"C'est parfait." répondit-elle avec le sourire.

Puis elle récitfia vite fait le comportement de son supérieur, mettant gentiment les choses au clair. Elle ne supportait pas qu'on envoie les gens faire telle ou telle chose sous pretexte qu'on a besoin de calme. Le dire tout simplement, n'était-ce pas plus simple ? Sans doute, mais combien de personnes le faisait ? Telle était la question ! Enfin, ce fut affaire réglée en plaisantant, avec une jolie petite bouille d'enfant en prime. Il était amusant avec ses mimiques, qui étaient sans doute involontaires, et surtout spontanées.

Elle se rassit à son bureau et se remit, comme il l'avait demandé, au travail. Il restait encore ces fichues lettres écrites en pattes de mouches serrées à taper, mais ça n'allait pas être si long. Elle avait pris l'habitude de décrypter ces espèces de hyéroglyphes aux contours incertains mais cependant compréhensibles une fois qu'on était lancé.

Pendant qu'elle pianotait, elle entendait le bruit sec d'une mine de crayon se briser et se demande bien ce qu'avait Evan McThiel contre ce petite objet qui ne lui avait rien fait...Mais décidément ! Il lui en arrivait, des misères, à ce crayon ! Enfin, quand on est maladroit, on l'est jusqu'au bout, non ?

Le temps passait et Mariella avait presque fini la dernière lettre. Elle ne se rendit pas compte qu'en réalité, il était déjà aux environs de midi, et elle calculait déjà ce qu'elle allait faire ensuite. Aussi, quand elle eut fini et que les pages s'imprimaient, elle sortit un dossier dont les feuilles étaient en désordre et commença à le classer. La jeune femme n'avait pas oubliée l'invitation, mais tant qu'on ne lui disait pas que c'était l'heure, elle n'allait pas y aller, c'était d'une impolitesse ! Et puis, pas tellement son genre d'abandonner le boulot en plein milieu !

Stressé, étouffée par tant de tension, Evan ne savait lus vraiment quoi faire ; Il aurait fait le pitre autant de temps q’il le fallait pour avoir un peu de solitude et d’air frais. Pourtant il ne voulait pas paraître impoli. Chose que d’une manière ou dune autre il avait complètement manqué ! Maladroit comme il était il les faisait toutes, et bien qu’il ait fait exprès de se cogner la deuxième fois, la première n’était en rien calculée. Enfin l’heure de la confusion était passée et Mariella revenait avec le cachet qui allait sauvé le jeune patron.

Jamais il n’aurait pensé qu’avoir une secrétaire pouvait être aussi déstabilisent. Il n’avait jamais eu de problème avec sa précédente secrétaire pourtant ? Alors pourquoi Mariella le faisait autant rougir et le rendait si gauche ? Elle avait un charisme certain. Il ne pouvait le démentir, une présence que la précédente n’avait pas. Et ce fut ainsi, sur une impulsion, une envie qu’il l’invita à déjeuner dans un petit restaurant sur le port. Rien de bien chic, plutôt un endroit cossu où l’on pouvait être à l’aise. Cette proposition devait fortement contraster entre l’homme qu’il était au bureau et celui qu’il montrait à présent, mais Evan sentait qu’il pouvait faire confiance à la jeune femme.

Un sourire imperceptible naquit alors sur les lèvres du jeune homme lorsque celle-ci accepta. Mais c’était sans compter le petit remontage de bretelles qui allait s’en suivre. C’était un peu comme si il avait prévu le coup en l’invitant pour se faire pardonner de son comportement de gosse. Mais ne supportant plus cette pression qu’il s’infligeait ave celui même ce fut avec une boutade qu’il clôtura le mal entendu. Chacun put alors reprendre son travail, Mariella tapant les lettres, Evan en écrivant de nouvelles. Toujours cette paperasse infernale. Puis plus l’homme en avait assez et perdait patience plus son écriture devenait pattes de mouches. La pauvre secrétaire allait avoir du mal avec les dernières feuilles !

Puis vers 11h, d’autres papiers lui furent déposés sur le bureau par l’un de ses lieutenants. Un rapport visiblement. Evan le survola durant quelques instant, mais plus il avançait dans sa lecture plus il fronçait les sourcils. D’un coup il releva la tête, le lieutenant n’avait pas fermé la porte.

« LIEUTENANT !!!!!!!!!!! Venez ICI tout de suite… »

« Oui ? », demanda le lieutenant étonné mais tout de même droit comme un piqué en respect pour son supérieur qui semblait extrêmement en pétard.

« AI-JE AUTORISE CETTE OPERATION ? …Non je ne le crois pas alors pourquoi a-t-elle était accomplie ? »

« Je ne sais pas monsieur ! »

« DEHORS ! »

Evan avait perdu toute courtoisie et surtout toute patience. Voila pourquoi sa réputation était toute faite. Il ne cessait de hurler sur ses hommes. Enfin il se leva et referma la porte que le lieutenant avait une nouvelle fois oublié de fermer. Il la claqua bien histoire de le montrer d’ailleurs. Puis revenant à son bureau, il se mangea encore le coin mais fit comme si de rien était et se remit au travail, cassant mine après mine. Mais concentrer dans sa tâche il ne vit pas l’heure passer et midi arriva bien vite sans qu’il ne s’en rende compte. Lorsqu’il leva enfin le nez de ses papiers, interpellé par le bruit de l’imprimante, il était déjà midi et demi. Il se leva d’un bon.

« Mariella vous auriez du me dire qu’il était cette heure !!!! …Allons y ! Il est temps de manger ! »

Il était un peu comme une furie, et ne semblait donc pas du tout calmé de sa journée ! Les autres, dehors étaient un peu sur leurs gardent en le voyant sortir comme une bombe et crier à nouveau.

« MARIELLA, vous arrivez !! »

En tout cas il semblait avoir repris ses bonnes vieilles habitudes !
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