people always leave....or not

Comme tous les matins, Mafueu partait de très bonne heure sur le chemin de hallage pour aller ramasser ce qui faisait sa particularité sur le marché : les algues et les poissons de roche. Il avait la foi des jeunes à marcher longtemps de très bonne heure pour gagner trois sous de plus, ce qui n'était pas négligeable quand on connaissait en réalité la somme qu'il gagnait en plus chaque jour.

Alice dormait encore quand il était parti. Il n'avait pas voulu la réveiller et le ferait quand il reviendrait si elle n'était pas déjà debout. En règle générale, elle était en train de préparer le petit déjeuner quand il revenait avec sa marchandise, et parfois elle était déjà partie. Elle était un peu étrange, mais Mafueu ne connaissait pas beaucoup de filles en dehors de sa soeur d'adoption. Sans doute qu'il était trop sauvage pour aller vers elles, mais les femmes restaient un mystère, quelque chose de trop respectable -malgré les apparances- pour lui. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il n'avait qu'une copine depuis le temps, et ce n'était pas faute de prétendantes mais de courage.

Il marchait d'un pas vif car il avait un peu frais, il devait l'avouer. Sortir de la chaleur de la calle, c'était vraiment un calvaire quand il avait fait froid toute la nuit. Cependant, c'était le milieu du printemps, bientôt l'été où il ferait meilleur, mais en attendant le matin si tôt il ne ferait jamais très chaud. Quoiqu'il en soit, avec son jean coupé aux genoux, il n'avait pas très chaud, même si sa chemise était déjà plus consistante. Ses longs cheveux voletaient légèrement derrière lui. Il arriverait bientôt sur la petite plage où il avait posé ses appâts.

Accroupi sur les rochers quelques minutes plus tard, il sortait une à une les lignes qu'il avait posées, avec au bout un poisson de belle taille pour presque chacune d'entre elles. Il allait pour ramasser un petit fagot d'algues quand il entendit un bruit sec. Se retournant vivement, il vit alors quelqu'un étendu sur le sol moitié sable moitié cailloux.

Instinctivement, Mafueu sauta sur la plage et se dirigea rapidement sur la personne inerte. C'était une jeune fille. Elle semblait fragile...Il espérait qu'elle ne se soit pas fait trop mal. Un genou à terre près d'elle, il lui souleva le buste et la secoua légèrement :

"Eh ! Mademoiselle ? ça va ?" demanda-t-il doucement.

Elle avait l'air en vie, c'était déjà ça !

Elle était très jolie, mais Mafueu ne nota pas vraiment cela. Il préférait plutôt savoir si elle allait bien, même s'il en avait un peu profité au passage pour jeter un coup d'oeil. Ce n'était pas trop son genre, mais il était un homme avant tout.

Elle ouvrit les yeux et il n'eut pas le temps de dire ouf qu'elle avait déjà sauté à quelques pas de là, comme si elle avait vu le diable en personne. C'était d'ailleurs étrange aux yeux du jeune homme qui ne pensait pas être si beau à faire peur.

Il allait lui répondre mais la situation lui semblait si étrange qu'il eut du mal à remettre ses idées en place. Et au moment où il s'était décidé à ouvrir la bouche, elle colla presque son visage au sien. De son regard bleu et profond, il la fixa, légèrement étonné. On lui répétait souvent qu'il avait des yeux de lover, mais il ne pensait cependant pas que ça pouvait attirer les filles...Il avait de drôles d'idées, hein ? Enfin bon, Mafueu le pas doué de la vie sociale à l'attaque !

Cette fille était bien étrange, et il se sentait vraiment mal à l'aise. Il n'avait jamais vu un tel comportement, quelque soit la situation et comme il n'était jamais tombé dans ce genre là, il ne savait pas si c'était normal, ou purement paranormal...Serait-ce un symptôme des gens qui vivent en ville dans en environnement de malade ?

Enfin, elle finit par se relever, s'arranger et se présenter. Son sourire destabilisa quelque peu le pêcheur qui se demandait bien ce que tout cela voulait dire. En attendant, il savait qu'elle s'appelait Elodie. Joli prénom, au demeurant, mais porté par une bien étrange personne...Les filles, décidément ! Quel mystère ! (Le pauvre, ça l'aide pas vraiment tout ça XD)

"Moi c'est Mafueu." répondit-il avec un léger sourire.

Il ne voulait tout de même pas effrayer cette pauvre petite.

Elle était décidément bien étrange. Voilà que lui dire son nom la faisait sourire comme s'il lui avait annoncé que ses rêves étaient devenus réalité. Mais quelque chose lui fit bizarre à lui. De la voir sourire, cela lui fit comme un déchirement au niveau de la poitrine. Elle avait l'air si triste et pourtant son sourire était si vrai, comme celui d'Alice quand elle était petite fille et qu'elle était contente. C'était ce même petit air innocent de petite fille mal aimée qui cherche à vivre qui se collait à ce visage inconnu et d'y voir sa soeur lui avait fait tout drôle. Sentimental ? Quand cela concernait des personnes qu'il aimait énormément.

Elle lui dit "adorer" ses yeux et il parut surpris. C'était rare qu'on le lui dise, en général on le gardait pour soi. Enfin, si, les filles lui disaient en général, mais travaillant essentiellement avec des hommes, il ne l'entendait pas souvent. Une fois, un vieux marin avait dit en riant à la réponse du jeune homme comme quoi il n'avait pas trouvé de femme qui voulait de lui qu'avec ses beaux yeus il n'allait pas tarder à trouver, mais sinon...Les amies d'Alice, et encore !

"Merci." répondit-il simplement, perplexe.

Il la vit partir en chantonnant et se dit qu'il allait pouvoir finir et ne pas partir trop tard, mais elle revint aussitôt sur lui. Son attitude était étrange, comme si elle le connaissait de longue date. Peut-être se connaissaient-ils quand ils étaient tout petits, peut-être même venait-elle du même pays que lui et lui ne s'en souvenait pas ? C'était tordu, quand même raisonnement...Et puis, sacrée coïncidence, tout de même !

Il se redressa et eut un léger sursaut en sentant un pincement au côté gauche. Il n'avait pas mal du tout, mais il ne s'y était pas attendu...surtout de la part de la jeune fille. Etait-elle folle ?...Non, elle était tout simplement très familière et ça, même si Mafueu l'était avec les hommes de son métier, il avait un certain respect, une certaine distance pour les femmes. Enfin, chacun son truc !

Elle lui proposa enfin son aide pour ramasser les quelques petites choses qu'il était venu chercher à la base. Il se dit qu'après tout, il pouvait lui faire au moins confiance pour ça. Et puis, si elle tentait de l'agresser, à part si elle était armée, il pourrait facilement la maîtriser. Selon certaines rumeurs, il y avait de plus en plus d'enlèvements et de meurtres un peu partout mais bon, il ne fallait pas exagérer non plus ! Si on commençait à se méfier de son voisin, autant dire qu'on avait plus fini de mépriser l'autre dans un port de commerce.

"Si tu veux. Mais les lignes ne sont pas faciles à aller chercher, elles se bloquent parfois dans les rochers. Puis, ce serait dommâge que tu salisses ta jolie robe."

Il ne disait cela sans arrière pensée ni machiste ou autre. Il n'avait pas envie qu'elle se fatigue pour rien et puis elle était mignone dans sa belle robe blanche ! Autant dire que ce serait vraiment dommâge de la tâcher surtout si elle comptait passer la journée avec. Lui ce n'était pas pareil, il n'avait pas l'obligation d'être propre et soigné étant donné qu'à la fin de la journée, la douche était longue pour tout enlever...

Comment était elle arrivée ici ? Et pourquoi s’était elle cognée la tête ? Elle avait complètement oublié, ou du moins mis à l’écart ceci ; Elle était devant ce bau jeune homme, en plein admiration et en plein rêve. Bien sûr, Elodie faisait partie de ces filles loufoques souvent mises à l’écart de la société car elle son étranges et n’ont pas les même réactions que les autres. Mais dans le cas de cette jeune fille, tout était complètement différent. Elle avait décidé d’être ainsi, pour s’éloigner des gens. Un être humain, est fait pour le contact et vivre en société mais voila, Elodie en avait assez de souffrir pour son attachement aux personnes. Et ces mots, « People always leave », revenaient sans cesse dans sa têtes car c’tait depuis son enfance, ce qui lui était toujours arrivée. Se mère, son père et sa belle mère pour finir avec son meilleur amie et sa famille. Il ne lui restait plus rien, ni personne et elle tenait à ce que la situation reste ainsi afin qu’elle ne se fasse plus déchirer le cœur par une autre séparation.

Pour continuer dans l’étrangeté, la jeune demoiselle était complètement captivée par les yeux de Mafueu, au point de le lui dire, elle y allait carrément nature peinture. Mais depuis bien longtemps elle avait décidé d’être des plus naturelles. Bien sûre cela pouvait lui porter préjudice, elle avait entendu les rumeurs, mais bon, advienne que pourrait comme elle disait ! Pour lors, elle eut droit à un petit merci pour son compliment. Cela n’avait rien à voir avec la réponse de ce dernier, elle songeait en même temps et de ce fait elle partit en joie faire quelques pas gracieux dans le sable avant de revenir derrière lui et de tout à fit familièrement lui pincer els côtés dans un geste affectueux. L’effet escompté réussit à merveilles et elle émit alors un petit rire moqueur et joyeux à la fois.

Se remettant devant lui elle lui proposa alors son aide pour terminer le travail qu’il était venu faire et qu’il devait visiblement faire tous les matins puisqu’elle ‘lavait dessiner chaque jour de la semaine au même endroit. Après tout il s’était bien précipita vers elle lorsqu’elle avait chuté elle pouvait bien lui donner un coup de main. En plus elle agrémentait sa demande d’un magnifique sourire auquel personne ne pouvait résister bien longtemps. Néanmoins sa réponse était bien nuancée et il lui posait bien tous les inconvénients qu’il pouvait y avoir. Elle avait pourtant une réponse spontanée à tout. Tout d’abord pour la robe, et bien elle l’ôta ; Elle avait un maillot de bain en dessous. Pour l reste, bé ses parents était marins pêcheurs alors elle n’aurait pas vraiment de problème.

« Mes parents étaient dans le métier ! Aucun problèmes donc ! Tu viens ? »

Elle lui prit la main, la sienne était bien plus petite que celle de Magueu, c’était rassurant à vrai dire. Elle l’entraîna alors vers la mère après lui avoir donné cette information sur elle et elle commença à prendre une ligne ; de ses fines mains, elle la tira doucement, et lorsqu’elle se coinça comme il l’avait prédit, elle n’hésita pas à mettre les pieds à l’au et aller décoincer le fil s’attelant à des gestes minutieux et doux pour ne rien casser. Et elle ramena alors le tout sur la plage. Néanmoins, elle ne s’était jamais vraiment intéressée à ce que pêchaient ses parents et elle ne connaissait pas ce qu’il y avait là à ses pieds.

« C’est quoi ? » demanda t’elle alors à Mafueu.

Cette fille était si étrange...Fragile et précieuse en apparance mais si vive et amusante...Il avait l'impression d'avoir de nouveau sa soeur quand elle ne travaillait pas encore, autrement dire quand ils s'entendaient encore bien. Ces derniers temps, ce n'était pas l'entente parfaite...remarque, ça ne l'avait jamais été non plus !

Quand elle enleva sa robe, il se posa d'abord des questions puis pouffa silencieusement de rire, mettant sa main devant sa bouche pour ne pas se faire remarquer. L'entendant, il posa sa main sur son front et eut un sourire en secouant la tête. Et voilà comment mettre une argumentation par terre !

"Bon, d'accord."

Contre toute attente, sa petite main prit la grande patte de Mafueu. Il se laissa faire sans rien dire, à vrai dire, que pouvait-il faire, réellement ? Elle était trop gentille pour qu'il se dégage et lui dire qu'il n'était pas d'accord. Puis de toute façon, il était un homme, il fallait bien qu'il profite un peu de temps en temps d'une présence féminine, il y en avait si peu dans son métier ! Puis, quand elles sont jolies, c'est d'autant plus agréable !

Il avait noté cependant que ses parents étaient dans le métier. Déjà, elle était fille de marin mais soit son père était à la retraite, soit il avait changé de métier, ou bien encore, plus terrible, il était mort. Si c'était le cas, ce devait être bien dur pour cette petite jeune fille, car Mafueu ne lui donnait pas plus de dix-huit ans.

Elle saisit une ligne qu'il avait marquée en l'attachant à un bout de bois planté profondément dans le sable et commença à doucement la rammener sur la plage. Comme prévu, elle se bloqua, et alors qu'il s'approchait pour l'aider, elle entra dans l'eau et se débrouilla comme une grande, et plutôt bien ! Il la laissa faire par curiosité, il était envieux de voir ce qu'elle serait capable de réaliser en ne semblant pas savoir. Peut-être savait-elle, en fin de compte ? Bah, il n'allait pas lui poser la question.

Avec des gestes doux et habiles, elle rammena la prise sur la plage et quand elle demanda ce que c'était, d'un grand mouvement de bras, il la fit reculer. C'était une saleté de rascasse bien vénimeuse avec tous ses pics sur la tête.

"N'y touche pas ! Cette saloperie est pleine de poison !" dit-il un peu brusquement.

Il avait du mal à être délicat surtout dans cet élément. En fait, il ne voyait pas comment le dire gentiement, ni la faire reculer avec plus de douceur.

"C'est une rascasse et il vaut mieux savoir la cuisiner si tu ne veux pas finir à l'hôpital pour empoisonnement alimentaire."

Il s'accroupit et saisit l'immonde bestiole rouge pleine de pics par le bout de la queue, la main dans un vieux chiffon de toile épaisse. Elle devait bien faire son kilo trois cent grammes, s'il se fiait à son expérience. Il siffla d'admiration et dit à l'adresse de la jeune femme :

"Bravo ! C'est une belle prise !"

Se redressant, il lui sourit et enveloppa la poiscalle dans le chiffon avant de l'attacher au fil avec les autres.

"Tu te débrouilles bien pour la pêche, à ce que je vois. C'est ton père ou ta mère qui t'a appris ou c'était la première fois ?"

Nature peinture, Elodie ne se préoccupait pas vraiment de ce que l’on pouvait penser d’elle et de son audace. Cela lui causerait peut être des problèmes un jour ou l’autre ais pour lors ce n’était pas le cas, et tout au fond d’elle elle sentait qu’elle pouvait faire confiance à cet inconnu. Puis intérieurement, même si elle ne voulait pas s’attacher aux gens cela ne l’empêchait pas de s’amusait un peu, et contre argumenter le garçon la faisait énormément rire, amis toujours intérieurement, seul un grand sourire moqueur se laissait dessiner sur ses lèvres. Finalement elle ne regrettait pas du tout avoir eu la curiosité de voir qui était cet intrus qui s’était glissé sur ses dessins pendant toute la semaine.

Enfin, après avoir posé une grande main rassurante sur son front, Lilian faisait la même chose, alors autant dire le flot de souvenirs qui s’insinuait en elle malgré sa volonté en cet instant, il accepta, n’ayant d’autre choix. Et puis quoi qu’on en dise, en maillot de bain elle avait les atouts pour convaincre ! Elle s saisit alors de sa grande main de marin chevronné et l’entraîna vers le lieu de « pêche ». Elle s’attela à défaire la ligne, la première qu’elle vit avec ses petites mains, et beaucoup d’habileté. Elle sentait le jeune homme l’observer et elle se mit à chantonner. Elle était toute joyeuse, et pouvait sembler très naïve, alors qu’en réalité, cette jeune demoiselle étai plus que mature et responsable.

Réussissant sa besogne toute seule, avec l’aide des connaissances de jeunesse, Elodie ramena la prise sur le sable et demanda à Mafueu de lui dire c que c’était après avoir observé cette chose rouge sans pouvoir la définir. En tout cas elle la trouvait dégoutante et très moche. C’est alors que sa réaction fut violente, tellement que la jeune fille fut propulsée sur son fessier. Le sable avait amorti la chute mais elle était surtout très surprise ! Et puis un petit son suraigu sortit aussi de sa bouche avant qu’elle ne se relève brusquement. Elle avait écrasé un pauvre petit crabe dans sa chute. Elle n’était pas heurté par le geste du marin, au contraire elle avait trouvé cela terriblement mignon qu’il prenne soin d’elle comme cela ; Elle avait de suite eu une image très flatteuse de lui en tête. Genre, le héro qui vient de sauver la princesse du dragon. Ses yeux pétillaient d’admiration pendant qu’elle l’écoutait lui expliquait. Elle l’observa alors s’accroupir et saisir la bestiole avec précaution. Il lui fi alors un compliment, et Elodie qui jusqu’à présent était restée silencieuse et attentive, passa à l’action.

« Merci Mafueu ! »

Un sourire. Un petit saut et un bisou sur la joue. Et oui en trente second il avait hérité de la vue d’un beau saut gracieux et d’un bisou tout tendre de la jeune fille. Elle n’avait peur de rien décidemment. Mais lui risquerait d’avoir peur d’elle, tellement ses réactions étaient étranges et décalées parfois même. Mais voilà après le sourire de rêve qu’il lui fit il posa LA question qu’il ne fallait pas posé. Jamais on ne lui avait parlé du passé, car le peu de personnes qu’elle côtoyait savaient qu’il ne fallait pas. Elle s’était refermé sur elle-même, mais réagissait encore rapidement lorsque l’on évoquait ses parents. Aussi, à peine eut elle entendu « père » et « mère » que les larmes perlèrent aux coins de ses yeux.

« Je ne veux pas en parler « , dit elle sèchement, « ils sont morts ».

Cela pouvait être choquant, et mais à peine eut elle finit sa phrase, un sourire illumina de nouveau son visage. Même si ses yeux restaient tristes. Puis elle se redirigea alors vers l’eau, se frottant le fessier là où le crabe défunt l’avait pincé, et se remit à retirer une ligne ; cette fois ci elle ne se bloqua pas, et elle la ramena plus rapidement sur la plage. Encore une fois le contenu lui était inconnu.

« Mafueu, c’est quoi cela encore ? Mon père m’a jamais appris à reconnaître els poissons, il me disait que ca me serait toujours inutile, que je n’étais pas destinée à la pêche. »

Etrange elle ne voulait pas en parler, amis elle donnait des informations lorsqu’elle parlait. Peut être avait elle plus la sensation de contrôler els choses ; En tout cas il lui fallait faire très attention à cause de sa maladie, aussi cette fois ci ne s’approcha t’elle pas de la prise, attendant le verdict du jeune homme.

Sa réaction avait été peut-être un peu démeusurée et brutale mais il ne savait pas très bien comment agir avec une femme. Fallait-il être plus doux ? Plus délicat ? Plus distingué ? Oh et puis zut ! Il était comme il était et au diable les bonnes manières ! Manquerait plus que ça, maintenant, que les marins pêcheurs deviennent les haut aristocrates de la société et le monde tomberait bien bas !

Bref, à peine eut-il fini de ranger la rascasse avec le reste qu'elle lui fit un genre de pirouette avant de l'embrasser sur la joue. Ce doux contact le fit légèrement rougir : ce n'était pas souvent que le jeune homme recevait un tel gage de grace. Et puis, il était quand même assez timide, aussi ! De plus, il fallait avouer qu'elle était assez familière...peut-être trop pour le petite marin-pêcheur.

"De...De rien." articula-t-il avec peine.

Comme si c'était si dur de parler à une jolie petit jeune fille. Ah croire que oui ! Du coup, le voilà maladroit et indiscret. Mais connaissait-il seulement ces termes ? Dans la mesure où il ne fréquentait que rarement des femmes et que son entourage ne s'y connassait pas mieux, il ne pouvait avoir aucune critique valable, mis à part Alice qui avait la fâcheuse manie de tout exagérer, surtout quand c'était lui qui lui demandait conseil. Les petites soeurs !

La jeune femme se mit à pleurer quand il parla de ses parents et il comprit l'ampleur de sa gaffe. Son ton sec lui fit baisser les yeux et il se sentit plus bête qu'un gamin se faisant gronder par ses parents. Mais quel imbécile ! N'aurait-il pas pu se taire ? Il ne le savait pas, remarque, c'était par hasard qu'il avait heurté un sujet sensible. Il ne la connaissait pas du tout.

Ce sourire le dégoûta un peu, lui-même rien que de penser à sa vraie mère et son père adoptif mort lui donnait envie de vomir. Pourquoi sourire en parlant de mort ? Bref, les gens sont parfois étranges et il y aient des choses qu'il ne vaut mieux pas savoir.

Elle se remit au travail aussitôt et il fit de même. Plus vite il sortir une prise et l'attacha avec les autres. L'habitude et le fait de se dire qu'il était pressé. En effet, il ne valait mieux pas qu'il parte trop tard en mer, ce ne serait pas vraiment une bonne idée.

Quand Elodie -tiens, il avait retenu son nom ?- ressortit la dernière ligne en lui demandant qu'elle était sa trouvaille, il s'approcha doucement en l'écoutant. Ainsi donc, son père était un peu du genre dur ? Karl McNamara l'avait été aussi dans le temps, il avait même été injuste avec sa propre fille et dans un sens Mafueu ne pouvait avoir que de la compassion pour elle.

"C'est ce qu'on appelle un "gobi". Ce n'est pas dangereux du tout, c'est même la dernière bêbête sous ses eaux à pouvoir te faire du mal !"

Oui Elodie était familière, oui Elodie était impulsive, mais la jeune fille avait aussi une montagne d’amour à offrir qu’elle gardait bien enfermé dans son cœur. Elle ne voulait pas rouvrir les anciennes blessures, et pourtant elle s’attachait si facilement aux gens. C’était un peu pour cette raison qu’elle évitait les gens. Mais elle ne se retenait pas avec Mafueu, et pourtant en tant que marin ses manières n’étaient pas de celles des plus raffinées. Certes mais peut être était ce ce qu’elle recherchait, ce qui lui convenait. En réalité, Mafueu n’avait fait qu’être gentil envers elle et sa curiosité avait fait le reste ainsi que son caractère.

Le jeune marin lui semblait totalement intimidé par la situation qu’Elodie essayait pourtant de détendre même si cela ne se voyait pas spécialement. Elle le voyait tellement beau tellement gentil ! Bien sûr la jeune fille devait paraître un peu niaise avec son comportement, mais étant toujours dans ce monde intérieur elle en oubliait souvent ce qu’était de vivre au présent et dans la norme de la société.

Les rascasses ? Voila un poisson que ne connaissait pas la jeune demoiselle et duquel elle fut sauvée par le beau grand et fort Mafueu ! Il avait l’air de vraiment s’y connaître, normal pour un marin, amis ce qu’elle appréciait c’est qu’il partageait son savoir, il ne faisait pas du tout comme son père qui refusait de lui inculquer ce savoir , au contraire il répondait volontiers. Elle souriait intérieurement et extérieurement, jusqu’à ce que Mafueu fasse l’erreur d’évoquer ses parents décédés. Elle ne voulait pas en parler, aussi redevint elle normale à peine elle eut prévenu le garçon. Cela pouvait être mal interprété, voir être choquant mais il en était ainsi. C’était sa protection, sa façon d’être pour ne plus souffrir. Néanmoins, elle décida de changer de sujet en allant retirer une autre ligne. Elle se demandait comment le jeune homme pouvait bien là voir ! Elle était tellement décalée par rapport aux autres, elle le savait bien.

Tiens, un autre poisson ! Une autre nouveauté ! Encore une fois il fut plus qu’agréable en répondant, et rassurée, Elodie, prit la petite chose, enfin pas si petite que ça puis qu’il lui glissait des mains, dans ses petites menottes. Puis le Gobi lui sauté des mains et elle essaya de le rattraper, mais il glissa de nouveau. Elle éclatait de rire en même temps ! Pour une fois elle semblait complètement heureusement et comme une gamine.

« Merci Mafueu ! »

Bredouilla t’elle alors qu’elle essayait de garder le Gobi en mains. Peut être ne comprendrait il pas, non en fait, il ne comprendrait pas mais pour elle ce merci venait du fon du cœur. Il ne l’avait certainement pas fait exprès, mais il lui redonnait le sourire, et il était le seul à l’avoir tant approché depuis des années.